Plombier, chauffagiste, serrurier : l’envers sombre du dépannage d’urgence

Escroc au téléphone derrière une facture gonflée – illustration d’arnaque au dépannage

Un chauffage qui tombe en panne un dimanche soir, une canalisation qui déborde en pleine cuisine, une porte claquée au milieu de la nuit… Sous la pression, beaucoup de Belges appellent le premier numéro trouvé sur Internet. Mais derrière des annonces rassurantes et des promesses de rapidité, se cachent des pratiques douteuses qui coûtent cher aux consommateurs.

Faux professionnels et factures gonflées

De nombreux clients se retrouvent face à de faux dépanneurs, sans TVA, sans assurance et sans diplôme. Ces sociétés ne cherchent pas des techniciens qualifiés mais des personnes capables de soutirer de l’argent rapidement. Plutôt qu’une facture officielle, on laisse souvent au client un bon griffonné à la main, ou un devis rempli sur tablette pour donner l’illusion du sérieux. Le paiement est exigé immédiatement, en cash ou par carte, mais sans trace réelle d’une prestation légale.

Les abus les plus fréquents sont connus : factures gonflées, pièces remplacées inutilement, frais d’urgence inventés. Une chaudière encore fonctionnelle est déclarée “hors service”, une serrure qui pouvait être réparée est changée de force. S’y ajoutent les prospectus et autocollants glissés dans les boîtes aux lettres, qui donnent une apparence officielle à des sociétés fantômes.

Le business model caché derrière

Si les tarifs atteignent parfois des sommets, ce n’est pas seulement par malhonnêteté. C’est aussi le résultat d’un modèle économique basé sur la publicité en ligne. Pour apparaître en tête des résultats Google, certaines sociétés dépensent chaque jour des milliers d’euros. Le coût d’un clic peut grimper à 100 ou 150 euros. Sur cinq clics, un seul devient un client réel. Avant même de franchir la porte du consommateur, le dépanneur a déjà perdu 500 à 600 euros. Pour s’y retrouver, la facture doit tourner autour de 1 000 euros par intervention.

À Bruxelles, les trois premières sociétés visibles sur Google cumulent en moyenne 50 interventions par jour. Et ces trois acteurs sont tous liés à des pratiques abusives. Cela signifie que chaque jour, des dizaines de clients sont piégés rien que dans la capitale. Multipliez par toutes les grandes villes et l’ampleur du phénomène devient vertigineuse.

Paradoxalement, les entreprises les plus solides du secteur ne sont pas celles qui investissent des fortunes en publicité. Elles misent sur leur réputation, le bouche-à-oreille et les partenariats locaux. Elles prouvent qu’il est possible de réussir autrement, mais restent invisibles face à la machine publicitaire.

Une image ternie et un système qui perdure

Ces dérives ne font pas que ruiner les consommateurs. Elles jettent aussi le discrédit sur les artisans sérieux, qui travaillent avec transparence et professionnalisme. Les victimes finissent par douter de tout le métier, et ce sont les sociétés honnêtes qui en paient aussi le prix.

Tant que l’État et le SPF Économie n’adopteront pas de mesures fortes pour encadrer ce marché, les abus continueront. Et dans ce système, un acteur reste toujours gagnant : Google, qui engrange des milliards grâce à un modèle publicitaire qui nourrit ces dérives.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to Top